« Prends soin de tes rêves » est un roman de l'Après.
Il se déroule en des temps pluriels qui surviennent après la Mort du Père. Dans un champ ouvert où
tout est possible ; le sentiment camaïeu ou le drame unique, final. Le désir ou l'amor réunis
irrémédiablement.
« Prends soin de tes rêves » est une focale distendue à l'énergie particulière, au rythme lancinant
comme un travelling intérieur qui trouverait son équilibre entre la permanence et indolence. Un
road movie expressionniste aux couleurs originales où rien ne serait figé et qui nous berce sans
jamais nous endormir. Comme si rien n'était jamais fini. Comme s'il y avait toujours de l'espoir au
bout de la ligne.
Ce roman est une renaissance clinique et métaphorique où la métamorphose s'opèrera, quoi qu'il
arrive, au hasard des fils liés par le destin de papier. Les personnages prennent corps et âme et
nous parlent avec une vérité rarement observée.
Tout a lieu après la fin de conversation définitive avec le géniteur, la figure paternelle qui
hante la petite fille et la femme, qui ne font désormais plus qu'une et seule solitude en
souffrance, en recherche.
Après l'Amour qui ne peut se transformer qu'en autre chose. Après le deuil, puis le transfert vers
un autre mâle qui se devra d'être à la hauteur du premier homme de la vie d'Aïna. Tuer le père une
deuxième fois dans la vie qui doit continuer.
Le livre est le témoignage précieux de cette reconstruction progressive consécutive à la
disparition terrestre du corps. Une chrysalide littéraire aux mille pistes, aux chemins subtils,
pittoresques et magiques comme ceux où l'on enfouit en terre les secrets de l'enfance.
L'histoire est une mémoire photographique et cinématographique d'un monde qu'il faut réinventer, de
codes qu'il faut réécrire, entre exorcisme du passé et pose suggestive de jalons pour le futur.
La narratrice déambule dans des imaginaires emprunts de littératures et de rêves en pellicule,
intrinsèquement femme jusqu'au bout de la plume qui erre et s'interroge sur elle-même.
Frédéric Vignale